Le Languedoc tient la route !

Après les Bordeaux 2004, place à autre année et autre région avec une très belle dégustation consacrée au Languedoc 2007. Moins réputé que son voisin aquitain, le vignoble languedocien est néanmoins le plus grand vignoble de France. C’est un vignoble marqué par une grande diversité de terroirs, de climats (souvent solaires) et aussi de cépages (Carrignan, Grenache, Syrah, Mourvèdre…). Rien d’étonnant donc à trouver dans cette région tout type de vins, pour tous les goûts (ou presque !) et toutes les bourses. En plein développement ces dernières années, il recèle de véritables pépites encore abordables malgré une envolée des prix qui pourrait faire pâlir pas mal de crus Bordelais ou Bourgignon (200€ pour une Petite Sibérie du Domaine Clos des Fées !...). On a choisi ce soir une palette de vins, tous issus d’appellations différentes mais du même millésime 2007. Ce millésime, médiocre dans la majorité des régions est annoncé de façon unanime par la critique comme un millésime exceptionnel pour la région. Affûtés par la récente dégustation à l’aveugle, on attaque donc la dégustation pour voir ce qu’il en est…

On démarre avec la cuvée Les Mégalithes du Domaine Bertrand Bergé. Ce Fitou est un 100% Carrignan (ou plûtot 99,9% Carrignan et 0,1% de Grenache…) ce qui est relativement rare. D’un grenat soutenu, le vin est très aromatique, marqué par les fruits noirs (mûre, cassis) et un côté bonbon acidulé. Après aération, on peut aussi trouver des notes de violette. En bouche, l’alcool est présent mais le vin garde une certaine fraîcheur. La finale est un peu amère et le vin semble écartelé entre alcool et acidité. A 11€50 c’est une bonne entrée en matière.

On passe ensuite à la cuvée des Vals du Château La Baronne (15€). Ce vin, produit en Corbières (Montagne d’Alaric), n’est pas vendu en appellation car composé à 100% de Mourvèdre. Si sur le premier vin, on avait un élevage naturel en cuve destiné à préserver le fruit, la barrique est bien présente sur ce deuxième vin avec des notes de vanille et de toasté. Mais le boisé est bien intégré et il est complété par des notes de fruits (rouges et noirs) et d’épices. Un vin intéressant, produit en Bio, mais tout comme le premier pas facile à boire car puissant et alcooleux...

On franchit ensuite une marche avec la cuvée Valinière du Domaine Léon Barral. Ce vin, 80% Mourvèdre et 20% Syrah est commercialisé en appellation Faugères. Produit en biodynamie par une figure du Languedoc, il est l’expression du terroir. Au nez, on trouve une grande concentration avec des arômes de fruits surmûris, de cerise et d’olive noire. La bouche est ample, équilibrée avec un côté oxydatif (cacao) apporté par l’élevage et pouvant dérouter certains. Un très beau vin à boire à table sur un civet de canard. Côté prix, on a également franchi une marche avec 36€ pour cette bouteille !…

Vient ensuite un concurrent direct avec Le sang du Calvaire du Château Cazeneuve. On est là sur l’appellation Pic Saint Loup avec un assemblage Mourvèdre (95%) et Syrah (5%). Le nez est plus retenu que le précédent mais également plus profond. On est sur des notes de torréfaction (cacao amer, café) et de marc de raisin (le nez rappelle celui d’un Maury). La bouche est toute en puissance avec une très belle longueur laissant présager d’un potentiel de vieillissement plus important que le précédent. A 36€, difficile de choisir entre celui là et le précédent. L’auditoire est partargé, nous aussi, c’est peut être le choix entre le plaisir immédiat et la promesse de lendemains qui chantent!…

Vient ensuite un Saint Chinian, la cuvée les Crès du Domaine Borie La Vitarèle et là encore on est sur un assemblage Mourvèdre/Syrah. La forte proportion de Syrah (50%) se sent tout de suite au nez avec des notes de fruits à l’eau de vie, d’épices et de genièvre. En bouche, l’attaque est chaleureuse mais la suite n’est que douceur. Dommage que la finale retombe un peu vite. Un vin de dimanche midi (17€50), sous le parasol autour d’une bonne plancha…

On termine en Roussillon avec le Clos des Fées d’Hervé Bizeul. On est là sur un assemblage Syrah, Grenache et Carrignan. Le nez est très complexe. Pour faire simple, on a tout ce qu’on avait sur les vins précédents plus tout le reste… les notes animales apparaissent (cuir) ainsi que des arômes chocolatés. La bouche est tapissée par le vin sans agressivité, tout en fluidité. Une mâche très élégante alliée à une belle longueur… et à un prix, pour le coup, un peu plus agressif. A 60€, on est content de le partager avec vous mais pas sûr de faire une commande groupée !

Voila pour cette dégustation très intéressante qui nous aura fait découvrir quelques bonnes bouteilles sur des appellations assez proches de Toulouse. Ces vignerons, pour une bonne partie des figures régionales, valent bien le détour. Pensez-y sur la route de vos vacances estivales ! Merci à Dom pour le choix des vins et l’organisation de la soirée.

Charcuteries de la Badiane, 31 rue de la Concorde à Toulouse