C'est reparti...

Première dégustation de l’année, avec une belle sélection de vins de la région de Limoux, qui aura eu le mérite de prouver aux plus sceptiques que Limoux peut produire des vins  « tranquilles » de belle qualité loin des clichés véhiculés autour cette bonne vieille (ou ancestrale?) blanquette…

Au programme trois vins blancs et trois vins rouges illustrant la diversité de cépages et de caractères présents sur l’AOC Limoux.

Pour commencer la dégustation, « La Rivière 2004 », un vin de Jean Louis Denois atypiques pour la région (le personnage et le vin) puisque 100% Chenin (le vin). Ce produit, d’une superbe couleur or, développe un nez de fruits murs, abricot et agrumes (moins marqué) typique de son cépage. Le côté fruit est associé aux arômes apportés par la barrique à savoir des arômes toastés et vanillés. Le boisé, un peu prononcé, peut gêner au premier abord mais il évolue rapidement vers des notes de pâte sablée, de biscuit, ou de crème brûlée beaucoup plus agréables. Une garde un peu plus longue peut certainement estomper ce côté boisé. En bouche, le vin se caractérise par un bel équilibre entre alcool et acidité (bien que l’acidité soit bien moins présente que dans les Chenins de Loire) et une sensation « tannique » peu commune pour un vin blanc. Ce vin sapide et long en bouche se présente comme un vin de repas, idéal sur un poisson ou une viande blanche en sauce (son léger caractère oxydé se prêtant à merveille à cette dernière alliance). Pour un prix de 11€, ce vin est une mise en bouche intéressante.

On enchaîne avec un vin du « Domaine Mouscaillo 2004 » en 100% Chardonnay (vin produit sur la commune de Roque Taillade comme le vin précédent). Ce vin est complètement opposé au précédent. Sa couleur est d’un jaune pâle limpide avec quelques reflets verts. Son nez très frais, allie l’aubépine, la pomme au four et des notes minérales. Le boisé est moins marqué que le précédent et en bouche il se révèle très vif et d’une belle longueur. Son acidité très présente ferait presque passer le vin précédent pour un papi ! Ce vin s’envisage plus sur un poisson d’eau douce, un sandre, du brochet ou une truite aux amandes. Son prix, 15€.

Troisième blanc de la soirée, là encore un 100% Chardonnay, Un « Clocher de Tourreilles 2002 » de Nathalie Tailhan. Le but visé avec ce vin était de voir ce qu’un « vieux » Chardonnay pouvait donner… et bien, malgré une année peu propice à faire des miracles, ce vin vient présenter une facette très intéressante et totalement différente des deux précédents vins. Au premier nez, le vin est marqué par un côté beurre et noisette puis il évolue vers des notes miellés (acacia). Certains le trouveront « fleural... » ou malté (arômes de grains torréfiés proches de certains whiskies). C’est certainement le blanc le plus complexe de la soirée sur un plan aromatique. En bouche, il se révèle bien équilibré mais avec un peu moins d’ampleur que les précédents. 38€ mais difficilement trouvable.

Après cette belle sélection de blancs, qui prouve que Limoux est un excellent terroir pour ce type de vins, on attaque les rouges…

On revient chez le truculent Jean Louis Denois avec « La grande Cuvée 2006 ». Cette cuvée est composée de Merlot (40%), de Cabernet Sauvignon (30%) et de Grenache (30%). La robe est rubis (tirant sur le grenat) et le nez, complexe, est de suite marqué par le cuir, la cerise confite et la réglisse (zan). En bouche, le vin s’avère très « tendu » avec une bonne acidité mais son côté « jus de cerise » un peu trop présent n’a pas été apprécié par tout le monde. A 10€ et malgré un léger manque d’opulence il reste cependant une bonne entrée en matière.

On enchaîne avec un « Oc Cellus 2004 » composé de Merlot, de Cabernet Sauvignon, de Cabernet Franc, de Syrah, de Malbec et de Grenache. Le côté épicé apporté par la Syrah ressort au premier nez mêlé aux fruits murs et à un boisé assez présent. En bouche, l’attaque est veloutée (comme un yaourt) mais retombe (comme un soufflet). La finale est sèche, astringente et relativement courte. A 20€, c’est le vin le moins intéressant de la dégustation mais pour l’avoir goûté dans d’autres circonstances et sur d’autres millésimes c’est clair qu’il n’est pas au niveau où on l’attendait. Comme quoi le vin n’est pas une science exacte !…

On finit cette dégustation par un vin de la baronne Philippine de Rothschild qui après avoir fait du vin à Bordeaux, à Oakville en Californie et à Puento Alto au Chili s’attaque à une autre mégalopole… Limoux. Le « Baron’Arques » est donc sa dernière création. Alliant des cépages « bordelais » comme le Merlot et le Cabernet Sauvignon à des cépages plus « méditerranéens » (Malbec, Syrah et Grenache), le vin dégusté est très marqué par le savoir faire Bordelais et notamment le travail de la barrique. Le nez est très pur, présent, dominé par la pulpe de cassis. En bouche, tout est enrobé et soyeux. Moins typique ou « exacerbé » que les précédents, il n’en demeure pas moins un vin bien fait et intéressant. A 30€ il rivalise sans problème avec certains de ses cousins Bordelais.

Les fromages choisis et appréciés proviennent de  Deux Chavanne (Avenue Saint Exupéry à Toulouse). Ils accompagnent les vins avec plus ou moins de bonheur. Le chèvre sur les blancs et le Barousse (voire à moindre mesure le Gratte Paille) sur les rouges semblent appropriés. La présence du Livarot semble un peu plus hasardeuse et on ne peut pas vraiment le présenter comme un régional de l’étape…

Pour résumer, une bonne dégustation de reprise avec des vins variés, issus d’une appellation peu connue et restants dans des gammes de prix raisonnables. Une commande groupée est envisagée sur le Mouscaillo et La Rivière.

On remercie les nouveaux venus, en espérant qu’ils auront été satisfaits... et qu'ils reviendront !

Rendez vous le mois prochain pour une dégustation « initiation » un peu plus théorique mais où on aura peut être la chance de déguster des vins de notre œnologue favori…