Du haut de gamme à un prix très raisonnable

Belle fin de journée sur les rives de L’Hers Mort avec la venue de M.Reverdy du Château La Voulte Gasparets (Corbières). Un petit clin d’œil à un banquier pas comme les autres, sans qui, cette rencontre vigneronne n’aurait pu avoir lieu.

Emprunt de modestie, M. Reverdy détaille les spécificités géologiques et climatiques du terroir de Boutenac. Un sol argilo-calcaire sous influence méditerranéenne permet une production haut de gamme pour les mourvèdres et les carignans. Si on rajoute à cela l’age des ceps, dont certains atteignent 120 ans (réservés pour la cuvée Romain Pauc (hommage l’arrière, arrière, arrière grand père qui les avait planté !), plantés sur coteaux de galets roulés, on comprend mieux le succès permanent des vins du domaine.

Carte de l'AOC Corbières

Comme souvent, après quelques gorgées, les langues se délient, avec à la clé une exclusivité pour « les raisins de la raison » : le domaine produira cette année une toute nouvelle cuvée, au joli nom de « une fois et plus » à base de 80% vieux mourvèdres et 20% vieux carignans. Après 18 mois d’élevage les bouteilles ont vieilli 4 ans dans les chais du domaine. Millésimé 2007, cette production confidentielle va s’en nul doute s’arracher…on est sur le coup :-)

Revenons à nos topettes de la soirée.

On commence sur la fraîcheur avec le rosé, 2010. Rosé de saignée, fermenté à basse température, issu de grenache (50%), de mourvèdre (30%), de syrah (10%) et de carignan (10%), le vin est produit dans un esprit de « plaisir immédiat ». C’est un produit de qualité : vendanges manuelle, tri du raisin…Soutenu par une robe saumonée, brillante avec rapidement au nez des notes fruitées qui laissent échapper discrètement des effluves plus sauvages, type musc. La bouche est ronde, ample et tenue par une acidité contrôlée.

A 6,7 € la bouteille, Pibarnon peut trembler.

On enchaîne sur le vin blanc, 2010 également. Même qualité pour la vendange, et un assemblage de Rolle 50%, grenache 40% et maccabeu 10%. La production est très limitée et devrait le rester, avec à terme au maximum 5 Ha d'encépagement (dont bientot roussane et marsanne). Le vin, jaune paille est éclatant dans le verre, limpidité impeccable. C’est un vin d’apéritif qui embellira également des poissons à la plancha, sans complication. Le nez est sur le fruit frais (pêche de vigne, et un peu d’ananas), les agrumes sont présents mais plus discrets. La première gorgée tapisse rapidement la bouche, sans être tendu le vin reste vif (il y a un tout petit peu de sucre résiduel (1,5g/l)). On se surprend à se resservir sans s’en apercevoir…7,7 € pour un blanc savoureux…on comprend pourquoi il n’y en a quasiment plus à la vente…

Passons aux 4 vins rouges de la soirée. Le premier, cuvée reservée, 2009, un assemblage réussi de carignan 50%, de grenache 25%, de mourvèdre 15% et de syrah 10%.  Robe limpide et brillante, grenat foncée. Le passage en barrique est présent au nez avec des notes vanillées, le fruit mûr vient juste après (mure). L'attaque en bouche est ferme, les tanins relativement bien velouté, les fruits très murs soutiennent une belle longueur. Un vin que l'on peut garder tranquillement 2 ans. 8.6 € !

Les trois derniers vins, cuvée Romain Pauc, millésime 2005, 2007, 2009 donnent un aperçu du potentiel d’évolution de ce nectar; issu de carignan 50%, de grenache 25% et de mourvèdre 25%. Sur le millésime 2005, et 2077 de la syrah était encore présente. Elle n'est plus utilisée dans cette cuvée aujourd'hui . On commence par le 2005,actuellement à son apogée et que M.Reverdy a pris dans ces réserves personnelles pour nous le faire goûter. La robe présente des légères traces d'evolution, témoin de son age. Le nez est bien typé "pruneaux". C'est généreux en bouche, avec des notes réglissées, bien charpenté et d'une incroyable longueur.

Le 2007 aura enchanté le plus grand nombre. Plus frais que le précédent, (plus féminin ai je même entendu) on est bien marqué par le fruit (cassis, myrtille) ; c’est croquant, chaud et parfaitement équilibré. Les tanins sont soyeux, il y a de la mache et des saveurs de confitures de fruits noirs.  C’est une bouteille que l’on peut encore garder 2/3 ans en cave.

2009,mis récemment en bouteille est plus difficile à boire. Typique de la jeunesse d’un Romain Pauc, le vin est marqué par des notes végétales (la rafle est volontairement maintenue lors du pressurage). Le passage en barrique neuve de cette cuvée est très discret, dominé par le fruit. Chaud comme ses grands frères, le vin présente par une belle structure, une matière délicate et une concentration certaine. Grande année que ce millésime, mais il faudra patienter encore 4/5 avant de profiter pleinement de ses saveurs. 18.30 € pour un vin de classe.

Sous les applaudissements nous avons ainsi clos notre dernière dégustation avant les vacances estivales. Nous organiserons très rapidement une commande groupée, en espérant qu'il restera assez de vin au domaine.

On se retrouve en septembre ! Soyez prudents sur les routes de France et de Navarre !