Dégustation Prestige 2013

Dégustation Bordeaux Grand Cru (10/12/2013)

Classification officielle des vins de Bordeaux de 1855

Ce classement connu de tous les amateurs de vin, a été publié le 18 avril 1855, à la demande de l’Empereur Napoléon III pour l'exposition universelle de Paris. L'Union des courtiers de commerce près de la Bourse de Bordeaux reçut une lettre demandant « de vouloir bien nous transmettre la liste bien exacte et bien complète de tous les crus rouges classés du département ... également ... la classification relative aux grands vins blancs ». Ces courtiers de l'industrie vinicole établirent un classement en fonction de la réputation des châteaux et le prix de leur production sur la base d'une tradition de deux siècles de classification informelle, qui à l'époque étaient directement en relation avec la qualité.

Les vins furent classés en importance du premier au cinquième cru. Tous les rouges venaient de la région du Médoc sauf le Château Haut-Brion produit dans les Graves. Les blancs furent limités à la variété liquoreuse des Sauternes et Barsac sur trois niveaux. Publié le 18 avril 1855, ce classement a connu seulement deux changements depuis la création du classement : en septembre 1855 château Cantemerle a été ajouté comme cinquième cru et en 1973, château Mouton Rothschild obtint de passer de deuxième à premier cru. Depuis, les vignobles ont changé de superficie, sans que cela ne soit pris en compte. Ce classement et les 88 châteaux (61 rouges et 27 blancs) qui en font partie sont un sujet de discussion sans fin. La liste ci-dessous correspond à la version actuelle de la classification pour les vins rouges de bordeaux.

Premiers crus :

Château Lafite Rothschild - Pauillac

Château Latour - Pauillac

Château Mouton Rothschild - Pauillac (second cru en 1855, promu en premier cru en 1973)

Château Margaux - Margaux

Château Haut-Brion - Pessac-Léognan (Graves jusqu'en 1986, puis Pessac-Léognan)

Deuxièmes crus

Château Pichon-Longueville - Pauillac

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande - Pauillac

Château Brane-Cantenac - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Durfort-Vivens - Margaux

Château Lascombes, Margaux

Château Rauzan-Gassies - Margaux

Château Rauzan-Ségla, Margaux (anciennement Château Rausan-Ségla)

Château Ducru-Beaucaillou - Saint-Julien

Château Gruaud Larose - Saint-Julien

Château Léoville Barton - Saint-Julien

Château Léoville Las Cases - Saint-Julien

Château Léoville Poyferré - Saint-Julien

Château Cos d'Estournel - Saint-Estèphe

Château Montrose - Saint-Estèphe

Troisièmes crus :

Château Boyd-Cantenac - Margaux

Château Cantenac Brown - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Desmirail - Margaux

Château d'Issan - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Ferrière - Margaux

Château Giscours - Margaux (Labarde-Margaux)

Château Kirwan - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Malescot St. Exupéry - Margaux

Château Marquis d'Alesme Becker - Margaux

Château Palmer - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Lagrange - Saint-Julien

Château Langoa Barton - Saint-Julien

Château Calon-Ségur - Saint-Estèphe

Château La Lagune - Haut-Médoc (Ludon)

Quatrièmes crus :

Château Duhart-Milon - Pauillac

Château Marquis de Terme - Margaux

Château Pouget - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Prieuré-Lichine - Margaux (Cantenac-Margaux)

Château Beychevelle - Saint-Julien

Château Branaire-Ducru - Saint-Julien

Château Saint-Pierre - Saint-Julien

Château Talbot - Saint-Julien

Château Lafon-Rochet - Saint-Estèphe

Château La Tour Carnet - Haut-Médoc (St.-Laurent)

Cinquièmes crus :

Château Batailley - Pauillac

Château Clerc Milon - Pauillac

Château Croizet-Bages - Pauillac

Château d'Armailhac - Pauillac (anciennement Château Mouton-Baronne-Philippe)

Château Grand-Puy Ducasse - Pauillac

Château Grand-Puy-Lacoste - Pauillac

Château Haut-Bages Libéral, Pauillac

Château Haut-Batailley - Pauillac

Château Lynch-Bages - Pauillac

Château Lynch-Moussas - Pauillac

Château Pédesclaux - Pauillac

Château Pontet-Canet - Pauillac

Château Dauzac - Margaux (Labarde)

Château du Tertre - Margaux (Arsac)

Château Cos Labory - Saint-Estèphe

Château Belgrave - Haut-Médoc (St.-Laurent)

Château de Camensac - Haut-Médoc (St.-Laurent) (anciennement Château Camensac)

Château Cantemerle - entré dans le classement en 1856 - Haut-Médoc (Macau)

La dégustation

Pour cette dégustation, deux régions bordelaises sont représentées : le Libournais (dont fait partie Pomerol et Saint Emilion) et le Médoc (représenté par trois grand cru en Pauillac, Saint Julien et Saint Estèphe)

Château l’Evangile, Pomerol, 1998

Cépages: 80% merlot, 20% cabernet franc

Durée du vieillissement en fûts de chêne : 18 mois dont 70% de fûts neufs.

Production annuelle moyenne : 2 000 à 3 000 caisses par an

Terroir : Magnifiquement situé sur le plateau de Pomerol entre Pétrus et Cheval Blanc, le vignoble de 16 ha s’étend sur des sols variés d’argiles mêlés de crasse ferrique, de graves argileuses et de silices argileuses graveleuses.

La robe de ce vin est d’une couleur rubis légèrement tuilée avec un léger trouble. Le nez est assez expressif et ouvert avec des arômes d’épices douces, d’herbes séchées, de cerise à l’eau de vie et des notes légèrement animales. Un nez assez complexe et agréable.

En bouche, le fruit est présent à l’attaque (fruit à l’eau de vie), des notes épicées puis on retrouve des arômes d’évolution (animal léger et arômes tertiaires). Très joli vin plutôt sur le côté merlot (rond, doux et suave), élégant et profond, avec une belle structure tannique veloutée et un boisé presque totalement fondu. Un vin évolué conservant un bon équilibre et qui se prolonge avec une belle persistance.

Une belle entrée en matière pour cette dégustation !

Château Canon La Gaffelière, 1er Grand Cru Classé B de Saint Emilion, 2000

C'est à partir de 1959 que les vins de Saint-Émilion ont été classés. Contrairement au classement de 1855 évoqué précédemment, il est révisable tous les 10 ans.

Après les 4 « 1^er grands crus classés A » de Saint Emilion dont fait partie le très connu Château Cheval Blanc, on retrouve les 15 « 1^er grands crus classés B » de Saint Emilion dont fait partie Canon La Gaffelière depuis 2006 mais il y a de quoi se perdre dans tous ces classements ...

Cépages: 80% merlot, 10 % cabernet-sauvignon et 10 % de cabernet franc.

Elevage : en barriques neuves et d'un vin de 16 à 18 mois, dans un chai souterrain.

Terroir : La propriété du château La Gaffelière s'étend sur 25 hectares. L'ensemble orienté favorablement au sud, reçoit un ensoleillement idéal ce qui profite à la vigne âgée de 35 ans. Les coteaux sont argilo-calcaires et les pieds de côte plus siliceux.

La robe de ce vin est dense et sombre, le vin est limpide et brillant. Le nez est assez intense avec une certaine complexité sur des arômes de fruits mûrs (cerise noire), de boisé, et des notes légèrement florales (violette/pivoine) et d’alcool.

En bouche : assez souple en attaque, un vin qui se montre riche et chaud, avec un fruit très suave et des tanins mûrs et veloutés. Très concentré, dans un style séduisant et opulent : le fruit (cerise noire/cassis) et les épices (poivre) sont bien présents accompagnés de notes légèrement cacaotées/moka. Le vin développe une finale assez longue et persistante (les tanins sont assez doux mais il y a un petit côté astringent/craie en fin de bouche).

Château Montrose, 2^ème Cru Classé, Saint Estèphe, 2000

Son nom vient de la couleur des bruyères qui recouvraient la lande qui devait devenir le domaine du Château Montrose. Ce " jeune " domaine – il a tout juste quelques années lors du classement de 1855 - bénéficie du plus beau vignoble de l’appellation, d’un seul tenant donnant sur la rivière. 

Cépage : Cabernet-Sauvignon : 63 %, Merlot : 31 %, Cabernet franc : 4 %, Petit Verdot : 2 %

Elevage : Le vin est vinifié en cuves inox thermorégulées dans un cuvier remis à neuf en 2000. L’élevage de durée moyenne 18 mois s’effectue en barriques de chêne français de plusieurs provenances (60% neuves, le reste en barriques d’un vin) avec soutirages tous les 3 mois. Le collage est effectué au blanc d’œuf frais.

Terroir : Graves profondes

Caractéristiques générales du Millésime

« En 1999, après un mois de novembre assez frais, décembre est exceptionnellement doux et pluvieux. Janvier est froid et très sec, ce qui favorise une bonne vernalisation des bourgeons. Les mois suivants sont doux et peu pluvieux, le débourrement se fait entre le 15 et le 20 mars. Le printemps est chaud et moyennement humide, le développement de la vigne est rapide et la pression des maladies est élevée, ce qui nous impose une très grande vigilance. La mi-floraison est notée au 4 juin. Après un mois de juillet froid et pluvieux, août est chaud et sec. Ce beau temps se poursuit en septembre. Les conditions de maturation sont idéales.

Date des vendanges : 22 septembre – 7 octobre

Les merlots sont très riches et d’une complexité rarement atteinte. Les Cabernets francs sont d’une grande finesse et les Cabernets-Sauvignons très mûrs ont donné des vins extrêmement complets où la puissance s’allie avec la finesse et la complexité. L’assemblage ne se fera qu’au mois de janvier mais, d’ores et déjà, le résultat s’annonce digne des plus grandes réussites de Montrose. »

Commentaires de dégustation

La robe du vin est dense, presque noire avec un léger trouble et un peu de dépôt.

Le nez est intense et complexe avec des arômes de cuir, de fruits noirs (cassis, griotte) et de fruit à l’alcool, avec des notes légèrement iodées et un peu florales (violette/pivoine).

En bouche : une attaque douce et suave avant une belle montée en puissance. Une bouche longue et ample sur des arômes complexes avec une riche palette aromatique de fruits mûrs (griotte, cassis, réglisse) et d’épices, une texture ample et des tannins soyeux. Très beau vin, net, dense, puissant, et complexe. Les tanins sont fondus/délicats et habillés par une très jolie matière. Belle finale longue et puissante.

Un vin bien équilibré et qui semble encore assez jeune avec certainement un long potentiel de garde (10 ans ou plus) pour en apprécier tout le bouquet aromatique pour l’heureux amateur qui aura pu l’attendre …

Château Léoville Poyferré, 2^ème Cru Classé, Saint Julien, 2000

Situé sur la façade fluviale du Médoc qui est bordée par les eaux de la Gironde, le Château Léoville Poyferré recèle des sols favorables à la culture de la vigne. Le château Léoville Poyferré tire profit de sa proximité de la façade maritime de la presqu'île médocaine qui est baignée par les eaux de l'océan Atlantique, dont un bras du Gulf Stream réchauffe sensiblement les eaux. Ces conditions climatiques et géographiques sont idéales pour la culture de la vigne et l'élaboration de grands vins.

Cépage : Les vignes, profondément enracinées pour puiser les richesses intimes du terroir, se partagent entre 4 cépages pour un assemblage final dominé par le cabernet sauvignon avec ensuite environ un quart de merlot, 5 à 10 % de petit verdot et des traces de cabernet franc.

Elevage : Les vendanges sont manuelles et triées deux fois avant une vinification qui commence dans les 35 cuves inox et se termine par un élevage de 18 à 20 mois en barriques totalement neuves.

Terroir : 80 hectares de graves composées de galets et de graviers cimentés par des sables argileux.

Commentaires de dégustation

La robe du vin est d’un rubis assez dense et brillant avec un léger trouble.

Le nez est intense et complexe, il évoque les fruits noirs, les épices, une certaine minéralité (un peu graphite), l’alcool et des notes légèrement fumées.

La bouche est dense avec une texture ronde/suave et un très bon équilibre. Les arômes sont complexes et concentrés : épices marqués et fruits mûrs. Un vin d’une très belle longueur, avec beaucoup de corps, une jolie structure tannique puissante et élégante (les tanins sont fins et soyeux, parfaitement mûrs) et une belle vivacité.

La finale est longue avec des tanins extrêmement doux et un boisé/vanillé très agréable.

Ce Léoville Poyferré développe un somptueux velouté ainsi que beaucoup d’élégance et de finesse, avec un magnifique équilibre entre alcool, acidité et tannins ce qui lui donne certainement une grande capacité au vieillissement mais il est déjà parfait à déguster maintenant : l'archétype du grand vin!

Château Pichon Baron Longueville, 2^ème Cru Classé, Pauillac, 2000

Le château que nous connaissons aujourd’hui, célèbre pour ses tourelles et son aspect de château de conte de fées, a été construit par Raoul de Pichon-Longueville en 1851. Le vin a été élevé au rang de Second Grand Cru Classé lors de la classification de 1855. Au début, les deux Pichon faisaient une seule et même grande propriété. A la mort du Baron Joseph de Pichon-Longueville en 1850, le domaine est divisé entre ses deux enfants encore en vie, Raoul et Virginie. La partie de Raoul deviendra le château Pichon-Longueville, celle de Virginie deviendra le château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande. Situé en AOC Pauillac, il est classé deuxième grand cru dans la classification officielle des vins de Bordeaux de 1855.

Cépage : L'encèpagement de Pichon-Longueville est de 60 % cabernet-sauvignon, 35 % merlot, 4 % cabernet franc, 1 % petit verdot avec des vignes de 30 ans de moyenne d'âge.

Elevage :Les vendanges sont manuelles en cagettes avec double tri sur table avant et après égrappage. La vinification est conduite dans le cuvier circulaire équipé de petites cuves inox thermorégulées permettant de procéder à une vinification précise par petits lots bien identifiés. La fermentation malolactique est conduite en cuves et partiellement en barriques. L’élevage de 15 à 18 mois se fait en barriques de chêne (environ 80% neuves, le reste de 1 vin). Le grand vin fait appel à une forte dominante de cabernet- sauvignon (70 à 80%). Les vins issus de certaines parcelles et des vignes les plus jeunes sont écartés de l’assemblage au profit du second vin beaucoup plus riche en merlot.

Marqué par le cabernet-sauvignon, le vin se caractérise par une grande puissance et une élégance stricte. Vin de grande garde mais d’un abord ardu dans sa jeunesse, il faut l’attendre en général 10 à 15 années pour permettre à son bouquet racé de se révéler et à sa solide structure tannique de se fondre.

Terroir : Le vignoble de Pichon-Longueville s’étend sur 73 ha de sols graveleux, au sud de la commune de Pauillac. Depuis 2001, la politique de sélection appliquée dans le vignoble et dans le chai a été intensifiée pour se concentrer sur le terroir historique de Pichon-Longueville Baron (seulement 40 hectares utilisés pour le Premier Vin), la quintessence du vignoble.

Commentaires de dégustation 

La robe du vin est d’un rubis sombre et dense avec un tuilé léger. Le vin est limpide et légèrement brillant.

Le nez est assez expressif avec des arômes mentholés, épicés et fruités (fruits rouges et mûres).

La bouche s'exprime rapidement dans un caractère affirmé, puissant, riche et charnu. On note un bel équilibre avec une acidité bien présente qui donne de la vivacité au vin. Le vin est très élégant, un corps bien présent avec une très belle finesse : une bouche intense mais accompagné de douceur/suavité. Pas d’agressivité, un fruit long (mûre, liqueur de cassis) prolongé par des notes empyreumatiques : grillé/ torréfaction/café et un boisé bien fondu. Les tanins de grande qualité sont élégants, fins et soyeux.

La finale est d’une longueur impressionnante presque envoûtante. Vin de grande matière, tout en équilibre qui se développe sur une trame serrée et volumineuse, extraordinaire par sa puissance toute contenue…

Ce vin est une belle conclusion à cette grande soirée !!

Merci à Jérôme pour ce compte-rendu tant attendu!